Antigone de Jean Anouilh

22/05/2014 19:15

Antigone de Jean Anouilh, édition de 2008 chez La petite vermillon ( parut en 1946 chez La Table Ronde )

 

Une pièce de théâtre qui me touche toujours autant même après tout ce temps. En même temps avec un sujet pareil … Pour ceux qui ne connaissent pas il s'agit de l'histoire d'Antigone une des filles d'Œdipe ( oui encore lui ) qui part chaque nuit recouvrir le corps d'un de ses frères laissé sans sépulture alors que l'autre a reçu tous les honneurs ( Étéocle et Polynice se sont battu à mort pour le trône de Thèbes que Créon, leur oncle, a reprit après leur mort ). Pour cela elle sera condamnée à mort par Créon, qui malgré les suppliques d'Hémon ( son fils et fiancé d'Antigone ) préfèrera son rôle de Roi à celui d'oncle. 

Ainsi, cette tragédie tourne autour de l'opposition : lois de la cité ( Créon et son obstination à jouer « au jeu difficile de conduire les hommes. » prologue p 11 ) ou loi divines ( Antigone qui continuera d'aller recouvrir son frère malgré la menace de mort ). Anouilh reprend à Sophocle le rôle d'Antigone qui est dès le début de la pièce dans la mort. Elle n'envisage jamais de vivre, elle n'envisage que sa mort en tant que sœur et gardienne des lois divines : « Lui, il doit nous faire mourir, et nous, nous devons aller enterrer notre frère. C'est comme cela que ça a été distribué » ( Antigone qui parle de Créon à Ismène, sa sœur, p 24 ). De la même façon, Créon se voit obligé de jouer son rôle jusqu'au bout et s'obstine à ignorer les signes. Il sera la cause des deux morts à la fin de la pièce. Cependant, Anouilh se démarque de sa source antique en ajoutant une lourde symbolique du destin qui étouffe les hommes et le poids des convictions : « C'est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir pour elles. Toi tu es une fille. » ( Ismène à Antigone p 29 ).

Finalement, un sujet qui a traversé les âges et qui me bouleverse toujours autant de par son symbolisme et son atmosphère pesante mais digne. Un classique revisité sur lequel tous les mordus de mythologie, de théâtre et de tragédie peuvent se précipité allègrement.

 

Votre dévouée Plutonnienne, Cyraonne.

 

 

 

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